Grim Dawn

Grim Dawn est un jeu de rôle action/RPG édité par Crate Entertainment sorti le 26 février 2016 sur Steam toujours disponible actuellement. Avec un gameplay énergique et une vue en 3D isométrique, le jeu se veut un digne héritier de Titan Quest qui, à l’instar d’un Diablo II ou d’un Torchlight, reste une référence dans la catégorie du Hack and Slash. Face au géant Blizzard, de la saga des Incredible Adventures of Van Helsing ou des récents Free to Play tels Path of Exile, que vaut réellement Grim Dawn ? Trois années après sa sortie, l’heure est au bilan.

Une recette classique

La référence à Titan Quest est loin d’être anodine et pour cause : Grim Dawn repose sur le même moteur graphique. Si dès le début du jeu les fans se retrouveront en terrain connu, le système développé par Iron Lore accuse toutefois le poids des ans. En effet les premières minutes sont quelques peu déroutantes et nous avons clairement l’impression d’avoir acheté un ticket pour le musée du jeu vidéo. Le réglage en qualité maximale permet heureusement un lissage de l’ensemble. Le résultat, bien que très gourmand en ressources et en dessous des modèles actuels, reste toutefois plaisant et agréable. A souligner le jeu ombres / lumières ainsi que la gestion du climat et des différents environnements.

Une interface classique

Une fois la barrière des graphismes franchie, une seconde mauvaise impression s’y ajoute : le sentiment de déjà-vu. De la création du personnage, minimaliste à l’excès, au gameplay répétitif et sans grande diversité, on se demande si le jeu en vaut réellement la chandelle. Pourtant les niveaux s’enchaînent, les heures défilent et nous sommes encore, sans trop savoir pourquoi, à reporter le moment fatidique de la désinstallation.  Car la marque des grands développeurs est de parvenir à noyer les défauts dans un ensemble cohérent et addictif.

L’action se déroule à une époque victorienne dans un monde où les humains sont pris en étau dans un conflit généralisé opposant de nombreuses factions et notamment deux particulièrement vindicatives : les Chtoniens et les Ethérés. L’histoire met donc en scène notre héros qui devra venir à bout de toute cette engeance. Pour cela rien d’original, il faudra réaliser des quêtes principales et secondaires tout en lisant des parchemins qui nous éclaireront en profondeur sur les lieux et les évènements. On regrettera un manque de lisibilité des textes qui nous dissuadera bien souvent d’entrer dans les détails pour se concentrer uniquement sur l’action. Car justement il y a en a beaucoup dans Grim Dawn.

Commençons par le gameplay. Comme tous les Hack and Slash cités précédemment, Grim Dawn repose sur un système de combat nerveux et d’une recherche permanente d’équipement.  L’action est ininterrompue du début à la fin. Si les combats pourront paraitre lents et laborieux durant les vingt premiers niveaux, ils deviennent de plus en plus rapides et meurtriers par la suite, avec des compétences de zones pouvant éradiquer toute une armée. La difficulté s’installe donc progressivement pour devenir un véritable challenge lorsque vient le moment de rejouer l’histoire en mode « élite », et un véritable calvaire en mode « ultime ». Les différents environnements et la grande taille des cartes réussissent heureusement à gommer le côté répétitif du gameplay. Des équipements en masse, parfois assortis de skills et bonus uniques, permettent de découvrir sans cesse de nouvelles mécaniques et style de jeu, en particulier à partir du niveau 50 où la qualité du butin augmente sensiblement. Un système de faction et d’affinité avec les PNJ ainsi qu’un niveau de détestation des monstres influent sur la puissance et le type d’ennemies rencontrés.  En bref, des mécaniques simples qui ont fait leurs preuves.

Un système de classe original

Ici nous entrons dans la véritable originalité du titre. Bien que classiques, les choix et évolutions de notre personnage ne se feront pas sans un minimum de réflexion.

La classe principale du héros se décidera au niveau 2. Loin des clichés du genre, la différence de classe s’éloigne de l’habituel triptyque guerrier – assassin – mage car les six classes (ou huit avec l’extension Ashes of Malmuth) possèdent chacune un mélange savamment dosé de physique, agilité et esprit. Aucune obligation donc de choisir le combat au corps à corps plutôt qu’à distance, ni l’affinité élémentaire de feu plutôt que la glace. Le choix du style de jeu est laissé à l’entière discrétion du joueur. Mais attention, bien que certaines formations semblent se compléter plus que d’autres, il n’est pas évident de trouver l’équilibre idéal. Le choix étant libre, les développeurs n’ont pas eu l’intention de guider le joueur dans sa future carrière de sauveur de l’humanité. A tel point que la tentation sera parfois plus grande de recommencer un personnage plutôt que de modifier sensiblement son « build ». Rares sont ceux qui ne se seront pas perdus en route. Même constat en ce qui concerne les quêtes. Le chemin n’est aucunement indiqué. Pour une fois il est bon de sentir que le narrateur ne nous prend pas pour des attardés mentaux.

Arbre de compétences Shaman

L’évolution du personnage se fera en assignant des points dans les trois statistiques de base ainsi que dans un arbre de compétence propre à chaque classe. Les arbres de compétences sont malheureusement loin d’être très étendus. Cependant ils le sont suffisamment pour permettent une palette de styles de jeu originaux. Ainsi, une même classe pourra se jouer de trois ou quatre façons différentes, ce qui augmente sensiblement le potentiel de re-jouabilité.

Lorsque le personnage atteint le niveau 10, une classe secondaire sera déverrouillée parmi celles restantes. Si comme le rédacteur de ces lignes vous avez passé plus d’une heure à réfléchir à votre plan de carrière, à analyser les métiers et les skills afin d’optimiser un maximum votre héros, vous serez véritablement perdu. A première vue, chaque classe possède en elle-même tous les atouts pour venir à bout de l’aventure. Une seconde classe fait finalement passer le nombre total de classe de huit à quinze mais sera autant de points en moins dans votre arbre principal. En réalité, la subtilité du gameplay repose sur une juste répartition des points à des niveaux bien spécifiques. Par exemple, il sera plus judicieux de se concentrer uniquement sur les compétences passives de la classe secondaire tout en privilégiant les compétences actives de la classe principale. Mais chaque classe étant différente, il est impossible de théoriser un modèle standard d’évolution. On se retrouve donc avec un jeu action RPG avec un côté gestion du personnage assez poussé.

Arbre de dévotion

Une autre spécificité du titre repose sur la présence d’un arbre de compétence commun à toutes les classes. Celui-ci est dénommé arbre de « dévotion » et est présenté sous forme de constellations d’étoiles. Les points de dévotion s’obtiennent en restaurant des autels disséminés aux quatre coins du monde. Ils permettent de débloquer des bonus avantageux, des affinités élémentaires et des skills dévastateurs. 

Au final, la richesse et la diversité des compétences dans Grim Dawn permettent de conférer un style unique à votre personnage mais surtout une durée de vie extrêmement longue.  Rendons également hommage au savoir-faire des développeurs et à l’intelligence dont ils ont fait preuve en réussissant à faire cohabiter quinze classes sans qu’aucune ne sorte vraiment son épingle du jeu. Détail qui prouve que le jeu n’a pas été optimisé à la hache.

Meilleur Hack and Slash du moment ?

Après un Diablo III largement inférieur à son prédécesseur et très sévèrement critiqué par les fans, le monde du Hash and Slash « à l’ancienne » a souffert et souffre encore d’un manque de titres capables de rivaliser avec les géants qui ont fait le succès du genre. Boudé par les développeurs, largement concurrencé par les MMORPG, une rapide analyse de l’offre actuelle montre combien les bons A-RPG se font rares. Une pénurie qui se manifeste par un regain d’engouement pour les classiques tel que Titan Quest premier du nom qui, depuis sa sortie en 2006, possède une communauté de joueurs toujours actifs. Le pack anniversaire se vend toujours à 19,99€ sur Steam. Rappelons également l’indétrônable Diablo dont les deux premiers volets reviennent sans cesse dans le top des classements depuis près de… 22 ans ! En 2009 Torchlight fit son apparition sans crier gare. Avec ses 400 Mo tout mouillé le petit bijou de Runic Games a su s’imposer immédiatement. Le second volet, paru trois ans plus tard, a solidement ancré la réputation du studio et aujourd’hui la communauté attend impatiemment la sortie du troisième épisode courant 2019. Le monde du A-RPG ne peut évidemment pas se résumer à ces trois titres car il y en a bien d’autres. Mais s’il faut retenir une chose c’est que finalement très peu ont réussi à marquer les esprits.

Et Grim Dawn dans tout cela ? Grim Dawn est le fruit de ce triste constat. En développement depuis près d’une dizaine d’années, il se voulait une réponse à cette pénurie. Il semble avoir été réalisé par des fans et pour des fans. A travers un financement participatif, la rapidité avec laquelle le studio a atteint son objectif démontre une réelle demande et un besoin d’un retour aux fondamentaux. Le succès de Grim Dawn repose sur un gameplay classique, nerveux et addictif et ce en dépit d’un moteur graphique suranné. Si l’on devait fixer le prix d’un jeu en fonction du temps que l’on passe dessus, le soft vaudrait bien plus que ses 24,99€ actuels. A noter également les différentes mises à jour et extensions dont Ashes of Malmuth qui double quasiment sa durée de vie et ajoute deux classes supplémentaires. Notons enfin qu’après trois ans, les développeurs continuent d’optimiser le jeu et prévoient d’autres surprises au cours de cette année.

En définitive, Grim Dawn a réussi son pari en se plaçant incontestablement comme le digne successeur de Titan Quest. Sans doute le meilleur Hack and Slash du moment, il est probable qu’il le reste encore longtemps. Car explorer toutes les possibilités qu’offrent le titre vous prendra certainement des centaines d’heures et la difficulté, toujours croissante, tiendra longtemps en haleine les joueurs occasionnels comme les plus acharnés.  

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